NOS RACINES
-
Deux îles, une histoire parfumée
Nosy-Be & Mayotte, un héritage commun de la reine des fleur, l'ylang-ylang
-
Une histoire familiale, entre tradition et innovation
Les Fidaly, trois générations de distillateurs d'ylang-ylang à Nosy-Be
-
De la chimie à l’entrepreneuriat durable
Un chemin partagé entre science, distillation et territoires
“Relancer une filière d'huile essentielle, c’est réarmer une chaîne de valeurs humaine, technique et agricole”
— Kassim FIDALY, fONDATEUR DE NEOSENT —
Deux îles au parfum et une fleur
Nosy-Be & Mayotte, un héritage commun
L’ylang-ylang (Cananga odorata), fleur des fleurs en tagalog, a traversé l’océan Indien pour s’enraciner à Nosy-Be, aux Comores et à Mayotte. Depuis plus d’un siècle, ces territoires sont liés par le parfum, l’histoire coloniale et l’économie agricole.
👉🏻 Les Comores, La Société Bambao
Dès 1845, quatre ans après la cession de Mayotte à la France, la puissante Société Bambao est créée à Anjouan. Elle acquiert des milliers d’hectares à Mayotte, notamment à Kawéni et Dembéni. L’économie sucrière s’impose, mais sera bientôt remplacée par des cultures à parfum : girofle, poivre, citronnelle, vétiver... et l’ylang-ylang.
👉🏻 De Nosy-Be à Mayotte, de la SPPM au groupe Cananga
Pendant ce temps, à Nosy-Be, au début du XXème siècle, les missionnaires coloniaux fondent la Société des Produits à Parfums de Madagascar (SPPM), pionnière dans l’exploitation de l’ylang. En 1958, après l’indépendance de Madagascar, l’histoire des deux îles s’entrelace. Fidahoussen Kakal rachète la SPPM qui comptait une succursale mahoraise. Le fils Ismael Kakal, veut croire en l'avenir de Mayotte au sein de la république française. Il oriente stratégiquement l’activité vers Mayotte, fondant la Société des produits à Parfums de Mayotte (toujours SPPM) en 1970. Dans les années 1990, Gamil Kakal le petit fils, mute la SPPM Mahoraise vers une diversification profonde industrielle, ce qui deviendra à l'aube du XXIème siècle le groupe Cananga, toujours en mémoire de là où tout a commencé, l'Ylang-Ylang.
👉🏻 J.P.Guerlain — J'en suis tombé amoureux (de Mayotte)
Dans les années 1990, le parfumeur Jean-Paul Guerlain s’installe à Mayotte et célèbre la beauté de l’ylang-ylang mahorais avec son parfum “Mahora”. l'île au parfum exportait alors 20 t/an d'huile essentielle d'ylang-ylang. Guerlain distillait et collectait l'essence précieuse, il était le dernier maillon d'une chaîne de valeur aux métiers multiples. Du producteur au parfumeur, chaque maillon avait son importance. En 2002, la réalité économique et sociale (production coûteuse, cueilleuses précaires) précipita le départ du parfumeur.
👉🏻 Un rêve
De nombreuses familles mahoraises vivaient de l'Ylang et aujourd'hui encore la fleur reste ancrée dans les mémoires de chaque mahorais, chaque ancien dont le respect pour la fleur des fleurs est unique et rappelle l'essentiel, l'authenticité de Mayotte.
Nous sommes parmi ces irréductibles Gaulois tels Hassani Soulaimana [Aromaoré] ou Anwar Soumaila Moeva [Le Jardin d'Imany]. Nous voulons raviver cet espoir des anciens : un jour viendra où l'ylang-ylang mahorais renaîtra de ses mémoires.
Pour que ce rêve devienne réalité, pour relancer la filière, nous devons réarmer une chaîne de valeurs humaine, technique et agricole.
Une histoire de famille, entre tradition et innovation
Les Fidaly : trois générations de distillateurs
À Nosy-Be, comme pour beaucoup de familles comoriennes et mahoraises, c’est dans la distillation artisanale que nos racines plongent. L’ylang-ylang fait partie de notre histoire familiale essentiellement depuis 1947.
👉🏻 Histoire des Fidaly de Nosy-Be
Fidaly Nadjimoudine né le 28 février 1913 prospéra dans la culture du café et de l'ylang-ylang à Nosy-Be et Ambanja, Madagascar. Dans les années 60-70 quand la SPPM pivota ses activités vers Mayotte, le fils Taher Fidaly engagea ses efforts dans les cultures de rentes à Nosy-Be mais très vite dans les années 80, il diversifia ses activités dans le textile et l'alimentaire puis dans la quincaillerie et les matériaux de construction. Au début des années 2000, l'un des petits fils Younous Fidaly, repris les affaires agricoles avec un gros travail de réhabilitation des terres. Il focalise ses efforts pour augmenter progressivement les surfaces d'ylangueraie. Soutenu par des acheteurs à Grasse, la société familiale agricole prend un nouveau tournant pour devenir Ylang–Ylang Nosy-Be (YYNB). Younous entrepris alors en interne la construction d'alambics en inox pour cibler la qualité. Il fédère alors les agriculteurs locaux autour d’un modèle coopératif et un standard de qualité certifié. Aujourd'hui, l'exploitation compte autour de 25000 pieds d'ylang et plus de 10 producteurs affiliés.
👉🏻 Refonte du modèle d'exploitation de l'ylang-ylang
En 2019, les exportations s'essouflent de part la conjoncture COVID-19. L'activité est au ralenti. Au même moment Kassim FIDALY, le cadet de la fratrie rejoint Younous à Nosy-Be.
Les 2 frères profitent alors de cette accalmie pour revoir le modèle et chasser les coûts d'exploitation. Il s'agit in fine de valoriser le capital naturel :
- centraliser l'activité en regroupant les alambics de l’île (18 alambics au total)
- installer une chaudière hybride biomasse (jusqu'à -70% de bois)
- recycler l’eau de refroidissement (jusqu'à -90% d'eau)
Parallèlement à cette restructuration, de Nosy-Be à Mayotte, un nouveau projet émerge avec la création de Neosent. Kassim a alors en tête une nouvelle vision d'une distillation plus équitable, plus résiliente avec une autre facette du bouquet floral de l'ylang-ylang.
L'aventure suit son cours...
De la chimie à l’entrepreneuriat durable
Entre science, distillation et territoires [Récit de Kassim Fidaly]
Je suis le cadet d'une fratrie de 2 soeurs et 4 frères. C'était dans les années 90. A l'époque, nous étions connus comme la “Maison FNT” (Fidaly Nadjimoudine Taheraly). J'ai eu cette chance d'accompagner notre père lors de la collecte du café. J'ai pu apprécier ces moments où densimètre et éprouvette à la main, il recevait les agriculteurs pour rassembler les fractions d'ylang-ylang suivant les quatres qualité Extra, Première, Deuxième et Troisième. Ce sont des moments qui marquent dans la vie d'un enfant passionné.
👉🏻 En France
J'étais [...] curieux sur la distillation, l'alambic, mais je n'étais pas destiné à ça au départ. J'aimais bien la chimie et j'ai quitté le pays en 2000 pour Toulouse puis Paris pour in fine soutenir ma thèse en photochimie. J'ai travaillé chez Mettler Toledo pour soutenir nos clients dans l'automatisation de leur chimie et dans la calorimétrie réactionnelle.
Dans un quotidien d'ingénierie et de service, on est constamment confronté aux problématiques clients et cela nous donne beaucoup de recul sur les projets entrepris. Entre temps à Nosy-Be, l'entreprise familiale a décuplé sa production initiale d'huile essentielle, et j'avais besoin de voir autres choses, de revenir aux sources.
👉🏻 De retour aux sources, à Nosy-Be...
Il y a eu des coups durs, l'entreprenariat n'est pas un fleuve tranquille. En 2019, au moment de la covid, j'ai rejoint Younous à Nosy-Be, il fallait absolument diminuer les coûts d'exploitation.
Nous avons observé nos concurrents s'essouffler à cause de la disponibilité du bois et de l'eau. Plusieurs distilleries ont fermé post-covid. Nous avons continué à travailler grâce à la patience de nos cueilleuses.
Il y avait un moyen d'être plus productif, de chasser les coûts tout en valorisant notre activité. On ne savait pas que les effets de la covid allaient durer plus de 5 ans et Younous a choisi d'investir. Nous avons décidé de centraliser la distillerie à Bevoay en réhabilitant une chaudière et en réaménageant 18 alambics.
👉🏻 ...puis à Mayotte
Cette expérience à Nosy-Be était décisive. Nous avons constaté à quel point la distillation était dépendante des ressources naturelles avec une empreinte environnementale très médiocre dans la région.
Quelques temps après j'ai rejoint Mayotte pour créer Neosent... réinventer la distillation en restant toujours dans une logique circulaire, mais en apportant cette fois une extrême résilience tout en valorisant le capital naturel.
Pourquoi Mayotte ? Avant tout car il y a un besoin de relancer une filière. Le terroir mahorais confère à l'huile essentielle d'ylang-ylang, une composition chimique très riche, estérifiée, ce qui donne une signature olfactive unique avec une spécificité remarquable par rapport aux autres terroirs. L'objectif est d'apporter nos clients LE terroir d'exception de l'ylang associé à un impact environnemental nettement amélioré !
J'aime les défis, ce n'est pas qu'une question de procédé : relancer une filière d'huile essentielle, c'est réarmer une chaîne de valeurs humaine, technique et agricole.